Echelle de sanctions
Utilités :
- prévoir les sanctions à l’avance
- faire connaitre les sanctions à l’avance (aux élèves)
- faire comprendre que « sanction » n’est pas « punition » = entrer dans la sanction éducative
Proposition d’utilisation :
Cet outil vient en complément du Code du Calme.
Une fois ce code installé, nous nous entrainons à le respecter, nous prenons le temps de nous arrêter pour rappeler le cadre, faire expliciter aux enfants l’importance de la règle. Mais, il arrive un moment où les explicitations ne sont plus appropriées, où le cadre est bien connu de tous, et où il devient nécessaire de faire appel à des sanctions.
Notre proposition, pour une rentrée sereine, ce serait un protocole du genre « Règlement peu à peu » :
- Il y a un comportement qui ne va pas : on s’arrête (quoi qu’on soit en train de faire, en début d’année, ce n’est pas plus important que mettre en place un cadre de travail agréable et respectueux sur lequel on pourra s’appuyer tout le reste de l’année)
- Qu’est-ce que vous proposez pour cela ?
- là, normalement, on peut recevoir un peu n’importe quoi comme propositions de la part des élèves, des lignes à la privation de récré en passant par l’exclusion de l’école. Bref…on laisse dire…
- Puis, la présentation de l’échelle de sanction apparait comme un moyen de montrer l’importance de la règle. Audrey Murillo expose dans son livre, Prendre un bon départ avec ses classes, plusieurs études montrant l’intérêt d’une mise en place d’une relation positive avec nos élèves dès le départ plutôt que chercher à se faire craindre. Elle explique dans un article du café pédagogique :
« Il y a deux aspects dans le fait de paraitre sévère, comme le livre le montre. Il y a l’aspect cadre de travail, règles de vie dans la classe qu’il faut poser et faire respecter. La recherche montre clairement que si l’enseignant est trop strict et les règles trop nombreuses cela a un effet négatif. Les élèves prennent une posture d’opposition. Il y a un autre aspect qui est le relationnel. Ce sont deux volets qu’il ne faut pas amalgamer. On peut avoir des relations positives avec les élèves tout en posant un cadre de travail strict. Un enseignant qui met en place une relation agréable avec les élèves a plus de chance d’obtenir le respect de ses élèves. C’est d’ailleurs aussi ce que disent les professeurs. »
Présentation de l’échelle
Sauf cas particulier (à gérer en équipe, ce sera le sujet d’un autre article), on devrait pouvoir à ce stade introduire cette échelle par le sens et l’origine des mots :
- étymologie :
- « punition » = latin pena = peine, douleur
- « sanction » = latin sancere = prescrire (comme un docteur qui prescrit pour guérir)
- conclusion :
- A l’école, vous êtes des enfants, vous avez le droit à l’erreur, et nous, adultes, nous cherchons à vous faire grandir, évoluer, avancer.
- Donc : nous cherchons à vous prescrire des choses bonnes pour vous, certainement pas à vous faire mal ou à vous « punir ».
- Donc : Pour avoir des sanctions qui vous permettent de réfléchir sur les comportements qui gênent, nous allons mettre en place cette échelle de sanctions. Non, elle n’est pas négociable, elle est comme ça et c’est comme ça.
Essayons : on s’entraine à utiliser cette échelle (on teste avec 1 enfant qui gênerait plusieurs fois de suite, comment est-ce qu’on répond, qu’est-ce qu’on fait).
Echelons n°1, 2 et 3
Normalement, les échelons 1 à 3 suffisent pour la plupart du temps : comme déjà dit, les enfants ont le droit à l’erreur, ont le droit d’être perturbés dans leur tête, d’avoir des émotions, etc, etc… Sauf qu’ils ont aussi le devoir de laisser les autres travailler sereinement.
On peut avoir (si on a la place) une table réservée à cela, pour aller souffler, regarder des sabliers qui descendent, dessiner, gribouiller, écrire (pourquoi pas un cahier dédié, le « Cahier des Emotions » ?)…
On peut mettre un temps limité, on peut aussi dire « tu reviens quand tu es disponible ».
Echelon n°4 : isolement et fiche de réflexion
A la 4ème gêne dans la demi-journée ou dans la journée (à chacun de définir son seuil de tolérance), là, c’est que quelque chose ne va pas.
Dans nos classes, nous utilisons des fiches de réflexion dans ce cas-là, toujours dans cette idée de sanction éducative, d’aider les enfants à mieux se connaitre, à réfléchir à leurs actes et à leurs conséquences.
A noter : ces fiches s’inscrivent dans un travail plus général sur les émotions, les valeurs, les règles. Sans cela, elles perdent un peu de leur pouvoir de « guérison » (=latin sancere, rappelons-le).
Pour des fiches cycle 2 (enfants non lecteurs ou lecteurs débutant) : voir Carabouille à l’école
Les modalités d’utilisation de ces fiches de réflexion dépendent de chacun, de l’école, des collègues… :
- Fiche à rédiger dans une autre classe ou pas ?
- Selon si on a des collègues à côté, et si on en voit l’utilité, et que ce n’est pas vu comme « punition », mais vraiment isolement temporaire : « Dans notre classe, ton comportement nous gêne vraiment trop, là, on ne peut plus travailler. Donc tu ne peux pas rester avec nous. » C’est aussi simple que cela, pas la peine de mettre des émotions là-dedans, elles ne seraient que négatives, et on a autre chose à faire que de s’énerver, en vrai…
- Fiche à faire signer par les parents ou pas ?
- Une sanction que nous partageons avec la famille peut être contre-productive selon la réaction de la famille. Nous n’avons pas la main sur cela. Pour éviter cet écueil, nous choisissons que la fiche de réflexion ne soit vue par les familles que lorsque l’outil a été clairement explicité lors d’un rendez-vous avec les parents ou qu’un travail de co-éducation est déjà en place avec la famille en question.
- Une constante cela dit :
- une fiche de réflexion devrait être systématiquement accompagnée d’une discussion avec l’enfant, soit pour confirmer qu’on a bien lu une fiche remplie avec sérieux et sincérité, soit pour discuter plus longuement et aider à trouver vraiment ce qui ne va pas.
Et on en arrive à l’échelon 5 : le cas par cas.
Il porte bien son nom, il n’y a rien de prévu pour ça, en tous cas pas dans cette échelle, et pas à ce stade de la présentation qu’on est en train de faire à nos élèves en début d’année.
Mais en vrai, en tant que professionnel, qu’adulte, qu’enseignant ou enseignante, on va quand même faire quelque chose. Plusieurs pistes, dans une liste ni exhaustive ni hiérarchisée (car ici, on est bien dans le cas par cas, et le contexte de chacun détermine les actions à mener) :
- Rendez-vous avec les parents. Objectifs :
- discussion, trouver ensemble ce qui ne va pas, est-ce que vous voyez ça aussi à la maison, comment ça se passe chez vous, etc.
- installer une discussion du type « adultes/enfants ». Pas « enseignant/famille ». On peut aller jusqu’à choisir l’installation pour ce rendez-vous : on se place de manière à être plutôt en triangle ou en rond qu’en face à face. Par exemple.
- écrire tout ce qui se dit, établir un contrat de comportement, fixer des objectifs précis, atteignables et peu nombreux, établir ensemble les conditions de réussite, les adaptations nécessaires… En gros, rédiger un PPRE.
- planifier à l’avance une date pour faire le bilan
- Discussion en équipe, avec les collègues
- prendre l’expérience de ceux qui ont déjà travaillé avec, savoir ce qui s’est fait, ce qui ne s’est pas fait, ce qui fonctionnait bien les années passées
- prévoir ensemble si besoin des décloisonnements, des temps où l’enfant peut sortir de la classe pour aller faire d’autres activités avec d’autres enfants
- signaler au RASED, pour avoir l’avis d’autres collègues encore
Au-delà de ces réactions de base, on entre vraiment dans le cas par cas du cas par cas, et là… ce n’est certainement pas avec un blog qu’on pourra vous donner des réponses malheureusement !
La seule chose qu’on peut dire pour finir, ce serait : « On ne reste pas tout seul » !